Nuits artificielles
Une pièce noire, de la musique calme mais toujours ces petits diodes vertes et rouges qui m'observent dans cette nuit artificielle. Laquelle des créatures qui possèdent ces yeux va t-elle bondir la première ?
Le rythme de la grosse caisse résonne maintenant lentement, imitée par la guitare, enchanteresse éléctrique, de cette mélodie du désespoir. Le texte, que je connais déjà par coeur, s'intègre parfaitement dans cette atmosphère et y prend sa place, comme toute chose dans cette harmonie du vide mais la musique y a la place privilégière, c'est elle qui guide l'humeur et donne le ton. Je n'ai plus besoin de l'écouter avec attention, cette musique, je la sens, je sais qu'elle est là. Son absence créerait un trouble alors que presque tout est déjà mis de coté dans cette grande pièce. Comme c'est paradoxal, y aurait-il une limite inférieure à ne pas dépasser, à partir de laquelle plus aucune pensée ou envie ne peut subsister ou émerger de cette volontaire retraite nocturne ? Il faudrait y réflechir plus longuement un jour.
Bientôt ce relatif spleen, confortable certes mais quand même trop oppressant, disparaitra au profit d'un émerveillement de chaque instant, je l'espère en tout cas. Je pars aussi pour ça...Mais tout à coup, toutes ces pensées s'écroulent alors même la musique cesse; heureusement, la lumière ne se rallume pas, préférant sans doute continuer de protéger les yeux lumineux, toujours sur le qui-vive..
Seul l'écran éclaire encore quelquechose, mais je ne vois pas bien de quoi il s'agit; on dirait un homme devant l'écran. Le regard dans le vide, il semblait réfléchir intensément, comme absorbé par ses propres réflexions, luttant pour en sortir. Le soudain silence semble lui apporter cette aide car il relève alors la tête, fixe le mur malgré l'absence de lumière dans la pièce et reprend ses frappes mécaniques sur les touches du clavier puis rabat l'écran de la machine.
La vraie nuit peut maintenant commencer.
Slak